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perdre une cinquantaine de mille francs sur la vente de Mauzères, il était de ceux qui croyaient aux grands succès, partant aux grands profits littéraires de M. de West. D’ailleurs, il venait de faire une perte beaucoup plus importante dans la famille Descombes, une perte certaine. Celle qu’il risquait avec Adriani était moindre et lui laissait de l’espoir. Elle ne l’émut pas comme elle l’eût fait la veille, et, bien que l’artiste ne lui donnât aucune garantie, il ne l’humilia par aucun doute blessant.

Le rapide voyage d’Adriani lui parut être un siècle d’angoisses et de douleurs. La certitude d’être forcé de renoncer à Laure constituait à elle seule une telle amertume, que le reste lui en paraissait amoindri. Du moins, tout ce qui pouvait faire échouer ses projets de travail et de réhabilitation ne se présenta pas trop à sa pensée. C’était bien assez de pleurer le passé, sans se préoccuper de l’avenir. Tout était flétri et désenchanté dans la vie morale et intellectuelle de l’artiste.

Il entra à Paris dans le brouillard gris du matin, comme un condamné qui se dirige vers l’échafaud et qui ne voit pas le chemin qu’on lui fait prendre. Il descendit chez Valérie. Descombes respirait encore, mais les sourds gémissements de l’agonie avaient commencé. Il se ranima en reconnaissant son ami et put lui dire à plusieurs reprises :