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allait déverser sur elle et sur lui ! Sur lui, il pourrait aisément braver ces orgueilleux provinciaux ; mais l’humiliation et le ridicule atteindraient la femme assez insensée pour s’attacher à un aventurier, à un intrigant. Ce ne serait pas en des termes plus doux qu’on ferait mention d’Adriani : il devait s’y attendre et s’y préparer.

L’idée lui vint que la terre de Mauzères n’avait pas fondu dans le cataclysme, qu’elle était toujours là pour garantir le banquier de Tournon et rendre au baron l’existence précaire, mais encore possible, qu’il avait eue la veille ; mais cette consolation ne tint pas contre la réflexion. Le banquier avait prêté une somme double de la valeur actuelle et peut-être future de l’immeuble. Il se repentirait amèrement de sa confiance, et il exigerait du baron, comme une compensation encore insuffisante, le remboursement des cent mille francs qu’il lui avait versés. Le baron, chevaleresque à l’occasion, serait le premier à vouloir s’en dépouiller. Ainsi, par le fait, le vendeur se trouverait ruiné, et le prêteur encore lésé.

— Cette solution est impossible, pensa le malheureux artiste. Elle me laisse odieux et honni ; elle me fait lâche et coupable si, par mon travail, je ne répare pas cette catastrophe.

Une fois sur ce terrain, Adriani ne pouvait se faire d’illusions sur les moyens de regagner rapidement cette