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tous les trésors qu’il lui prodiguait dans le seul but de la distraire et de lui être agréable. Il se vit apprécié comme il ne l’avait jamais été par aucun public, et tout ce qu’il put lui dire fut de s’écrier :

— Ah ! j’ai trouvé ma sœur. Je deviendrai artiste !

Quelles heures délicieuses, quelles journées remplies, quelle fusion d’enthousiasme, quelle identification d’expansion sublime rêva l’artiste en descendant vers Mauzères par le sentier des vignes, au lever de la lune ! Des chœurs célestes chantaient dans les nuages pâles, et tous les échos de son âme étaient éveillés et sonores.

Il trouva le baron occupé à ranger ses papiers et à faire son triage définitif. Le brave homme était bien consolé de ne pouvoir intituler son volume : la Lyre d’Adriani. Il rêvait de faire le livret d’un opéra.

— Quel dommage que vous soyez riche ! dit-il à son hôte ; vous seriez premier sujet à l’Opéra, et quel rôle j’ai là pour vous !

Il touchait tour à tour son front et les feuilles volantes de son sujet ébauché. Adriani tremblait qu’il ne voulût lui en faire part. Heureusement, le baron n’avait pas cette détestable pensée.

— Nous en reparlerons quand vous viendrez à Paris, reprit-il ; car vous ne passerez pas l’hiver ici !

— Ce n’est pas probable, dit Adriani au hasard et pour le faire patienter.