Page:Sand - Adriani.djvu/235

Cette page n’a pas encore été corrigée

qui l’entretenait de sa situation financière et se résumait ainsi (c’était la réponse à une lettre que nous n’avons pas cru nécessaire de rapporter, dans laquelle Adriani, sans lui indiquer le mode de placement de ses fonds, lui disait rêver l’acquisition d’une maison de campagne :

« Te voilà à la tête de cinq cent mille francs, et tu n’as point de dettes. Pour toi, c’est la richesse. Cependant, si tu étais tenté de doubler, de tripler peut-être ton capital, je me ferais fort d’y réussir avant peu de jours. Je résiste à la tentation devant ta philosophie et tes rêves champêtres. Achète donc une Arcadie, si tu la trouves sous ta main. Je tiendrai les fonds à ta disposition, à ta première requête. »

Le soir, Adriani courut chez Laure. Elle ne s’était pas inquiétée de son absence durant la journée. Il l’avait prévenue par un billet, sans lui dire de quoi il était question ; mais elle avait trouvé le temps mortellement long, et elle se hâta de le lui dire avec la naïveté joyeuse d’un malade qui annonce à son médecin les symptômes évidents de sa guérison.

— Mauzères est à moi, lui dit Adriani en lui baisant les mains. Tant que vous voudrez rester au Temple, et toutes les fois que vous y voudrez revenir, je pourrai être là sous votre main, sous vos pieds, sans que mon bonheur d’être votre esclave soit trahi par des invraisemblances de situation.