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noble usage pouvais-je faire de mes biens que de les répandre dans mon Hippocrène ? J’aimais aussi le commerce des lettrés. J’ai vécu à Paris, j’ai ouvert un salon, j’ai donné des dîners, des soirées littéraires. J’ai rendu des services aux artistes ; j’ai voyagé pour retremper mon inspiration et pouvoir chanter ex professo les merveilles de la nature et des antiques civilisations. Que vous dirai-je ? on m’a cru riche parce que j’ai mangé mon fonds avec mon revenu et que j’ai eu la libéralité des vrais riches. Je n’avais pourtant qu’une fortune médiocre, et le peu qui m’en reste est grevé d’hypothèques ; je vis encore honorablement ; mais chaque année fait la boule de neige, et je serai bientôt forcé de vendre Mauzères, qui est tout ce que j’ai, pour payer le capital et les intérêts arriérés de mes dettes.

— Eh bien, vendez Mauzères sans attendre que le mal empire.

— Sans doute, sans doute ! il faudrait le pouvoir !

— Qui vous en empêche ?

— Ma fâcheuse position, qui est enfin connue dans le pays, et qui fait qu’on attend le jour de l’expropriation pour acheter à meilleur compte. Et puis la baisse de prix que des intempéries particulières et des mortalités de bestiaux ont amenée dans nos localités et qui est si considérable, que je me trouverais réduit à néant. Par exemple, Mauzères vaut trois cent mille francs ; je ne