Page:Sand - Adriani.djvu/229

Cette page n’a pas encore été corrigée

secouer toutes ces lâches fantaisies. Venez ! nous prendrons possession ensemble de ces collines où je ne me suis encore promenée qu’avec les yeux.

En marchant, elle admira avec lui, au coucher du soleil, la beauté du pays environnant, et, du sommet d’une éminence, elle vit les tourelles de Mauzères.

— Cela me paraît bien joli, lui dit-elle, et c’est si près ! Ah ! pourquoi cela n’est-il pas à vous ! nous pourrions passer l’automne dans ce pays. Nous nous verrions, comme à présent, tous les jours, sans scandaliser personne, et je crois que nulle part ailleurs nous ne serions plus libres. Je ne crains pas l’opinion, moi, et je saurais la braver s’il le fallait ; mais je n’aime pas les agressions inutiles et qui semblent provoquer l’attention. Le bonheur n’est pas arrogant. Il sait bien qu’on le jalouse et qu’il humilie ceux qui n’ont pas su le trouver. Le mien aimerait à se cacher, non par lâcheté, mais par modestie.

— Mauzères sera à moi, se dit Adriani.

Dès le soir même, en se retrouvant auprès du baron, il amena la conversation avec lui sur les agréments de sa propriété, feignant de s’intéresser beaucoup aux questions agricoles et domestiques qui partageaient sa vie avec le commerce des Muses. Le baron tira de son sein un de ces problématiques soupirs qui n’appartiennent qu’aux propriétaires, et lui dit :