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c’était elle qui fût malade !… un accident en voyage… non ! mais la volonté de sa belle-mère, des ménagements, des devoirs…

Il imagina tout, plutôt qu’un manque de foi ; mais une terreur vague s’emparait de lui à chaque minute qui s’écoulait. Enfin, vers neuf heures, il entendit le roulement lointain d’une voiture. Il s’élança dehors. Laure arrivait en effet. Elle avait trouvé, au relais de poste, les mulets de sa ferme conduits par le vieux Ladouze, qu’Adriani avait envoyé d’avance à sa rencontre pour la mener par la traverse inévitable. S’il en eût eu le temps, Adriani aurait fait faire un chemin.

La surprise de Laure fut bien vive et bien douce quand elle vit le miracle accompli dans sa demeure. Quelques jours auparavant, elle ne s’en serait peut-être pas aperçue ; mais elle vit tout par les yeux du cœur. Aucune prévoyance, aucune recherche ne lui échappa. En entrant dans le salon et en voyant le piano ouvert, elle chercha des yeux l’enchanteur.

— Où est-il donc ? s’écria-t-elle.

— Monsieur… monsieur chose ? lui dit Mariotte, qui ne pouvait retenir aucun nom ; il était là tout à l’heure, et il a bien travaillé toute la journée pour faire arranger tout ce que madame avait été acheter à la ville. Il a dit bien des fois : « Tâchez que madame soit contente ! » Il s’est occupé de tout, même du souper qui attend ma-