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même comme des éloges, comme une justice qui lui était rendue. En les lui adressant, Laure savait bien qu’elle n’en serait pas blessée.

Elle n’avait pas non plus espéré la fléchir : elle la connaissait trop bien. Elle avait voulu s’expliquer, se formuler une fois pour toutes.

La marquise se leva et la laissa à genoux. Laure dut se relever d’elle-même sans avoir obtenu la plus légère marque de tendresse ou d’indulgence.

— Vous êtes fort éloquente, ma fille, dit la marquise, et je comprends le prestige que vous pouvez exercer sur des imaginations vives ; mais la mienne n’est pas de ce nombre, et je ne prends pas le réveil de vos sens pour un besoin tout à fait divin de votre âme.

— Assez, madame, assez ! dit Laure indignée. Ne m’aimez pas, j’y consens ; mais ne m’insultez pas, je ne le mérite point.

— Vous insulter, ma fille ! Dieu m’en garde ! Il n’y a rien là que de fort naturel et même de légitime, quand un mariage bien assorti et d’un bon exemple sanctionne nos désirs et termine les ennuis du veuvage. Mais nous sommes coupables quand nous cédons à l’inquiétude des passions, sans égard pour le respect que nous nous devons à nous-mêmes. Vous seriez dans ce cas si vous me refusiez la promesse que j’ai réclamée de vous tout à l’heure.