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de sourire avec mélancolie et de demander pourquoi la marquise qualifiait son voyage d’étrange.

— Je ne prétends pas ridiculiser vos démarches, ma très-chère, répondit la marquise, encore moins les blâmer. Je me suis permis seulement de penser que vous étiez bien jeune pour quitter ainsi l’aile maternelle, et bien faible de santé pour vous jeter dans la solitude.

Laure garda le silence, décidée à n’entamer jamais aucune lutte avec sa belle-mère. Celle-ci reprit :

Vous êtes maîtresse de vos actions, je le sais, et je reconnais vos droits à l’indépendance. Ce n’est donc pas de moi que vous relèverez jamais, mais des convenances d’un monde qui n’aura pas pour vous l’indulgence à laquelle vous prétendez.

— Je ne prétends à rien, répondit Laure ; mais puis-je savoir de quoi ce monde souverain m’accuse ?

— De rien que je sache ; mais il s’étonne un peu, et peut-être trouverez-vous avec moi qu’il ne faudrait même pas inquiéter les jugements humains.

— Je pense que vous avez toujours raison, chère maman, dit la jeune femme avec une douceur sans abandon. Vous ne pouvez pas vous tromper, et vos pensées sont un code, comme vos actions sont un modèle infaillible vis-à-vis du monde : mais je ne suis plus du monde, moi, vous le savez.

— Je regrette, reprit la marquise, sans montrer son