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Journal de Comtois.


Lyon, 15 août 18…

Me voilà, comme dans un roman, au service d’un homme que je ne connais pas du tout, et qui me mène je ne sais où. Monsieur ne reçoit pas de lettres dont je puisse voir l’adresse. Il va les prendre lui-même à la poste, bureau restant. Il sort et voit du monde dehors ; mais il ne reçoit personne à l’hôtel, et paraît très-occupé à lire ou à marcher dans sa chambre, le peu de temps qu’il y reste dans la journée. Il se nourrit bien ; ses habits sont d’un bon tailleur, et il se chausse on ne peut mieux. Il parle peu, et ne commande rien qu’avec honnêteté. Il ne paraît pas porté à l’impatience, ni à aucun autre défaut, si ce n’est que je lui crois peu d’esprit. C’est un fort bel homme, qui n’a pas plus de vingt-cinq à trente ans. Il a la barbe et les cheveux superbes, et prononce si bien, qu’on entend tout ce qu’il dit, même quand il parle très-bas. C’est un grand avantage pour le