Page:Sand - Adriani.djvu/176

Cette page n’a pas encore été corrigée

Le mot de ponctualité est celui qui convient le mieux pour résumer le caractère et l’existence entière de cette femme que son entourage distinguait de Laure en l’appelant la marquise, tandis que Laure, marquise aussi, mais tenue dans une sorte d’infériorité de convenance, était désignée sous le nom de madame Octave. Nous suivrons cette donnée quant à la belle-mère, pour éviter toute confusion.

Son nom de fille, comme on dit encore dans les anciennes familles, était Andrée d’Oppédète. Elle avait été fort belle, mais froide, sans charme et sans grâce. Élevée dans un couvent d’Avignon, produite ensuite dans le monde d’Avignon, de Marseille, de Nîmes et d’Uzès, mariée à un gentilhomme sans avoir, mais dont les ancêtres avaient fourni des viguiers à toutes les vigueries de la Provence : épouse sans amour, mère sans faiblesse, femme sans reproche, elle avait mené, sous le plus beau soleil du monde, une vie glacée par les préjugés aristocratiques et religieux, si obstinés dans le midi de la France. Ces préjugés n’étaient pas chez elle à l’état violent. Toute violence lui était inconnue. Ils étaient à l’état de foi inébranlable, béate, indestructible. Vue d’un seul côté, c’était une très-respectable nature, rigide sur tous les points d’honneur, désintéressée, libérale autant que lui permettaient ses idées d’ordre et la médiocrité de sa fortune ; indulgente autant que peut l’être une ortho-