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pieds de Laure était toujours près du fauteuil, et le fauteuil près de la cheminée, où il avait fait brûler les pommes de pin pour réchauffer l’atmosphère salpêtrée de l’appartement. Le piano était ouvert. Les bougies avaient brûlé jusqu’à la bobèche.

Mariette avait été frapper à la chambre de Toinette. Personne n’avait répondu. Elle y était entrée. Le lit était défait, les armoires ouvertes et vides. Adriani, à cette nouvelle, envoya Mariette frapper chez madame de Monteluz. Même silence ; mais Mariette ne put entrer : on avait emporté la clef de la chambre. Adriani, terrifié, enfonça la porte : même vide, même désertion que chez Toinette.

— Où mettait-on les malles, les cartons de voyage ? dit-il à la servante.

— Là, répondit-elle en entrant dans le cabinet. Ils n’y sont plus ; madame est partie !

Ce mot tomba sur le cœur de l’artiste comme une montagne. Il entendit bourdonner dans ses oreilles comme un beffroi sonnant les funérailles d’un monde écroulé. Il s’assit sur la dernière marche de l’escalier, la tête dans ses mains, tandis que la paysanne insouciante se mettait à balayer philosophiquement les corridors.