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le scepticisme et la raillerie du siècle qui causent souvent cette timidité d’auteur.

Surmontons-la, me suis-je dit, et osons croire ce que beaucoup de sceptiques savent, ce que nous savions nous-même être vrai, au milieu et en dépit des doutes chagrins de la jeunesse : c’est que l’amour n’est pas une infirmité, l’amère ou la pâle compensation de l’impuissance intellectuelle, de l’inaptitude à la vie collective et sociale. Ce n’est pas non plus une virginité tremblante, un appétit violent qui se cache sous les fleurs de la poésie. C’est bien plutôt une maturité jeune, mais solide, de l’esprit et du cœur ; une force éprouvée, une plage où les flots montent avec énergie, mais qu’ils n’entraînent pas dans les abîmes.

Quoi qu’il résulte de ce dessein, que ma plume le trahisse ou le complète, sachez, noble et chère amie, que je l’ai formé en songeant à vous.


GEORGE SAND.


Nohant, septembre 1853.