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sonne ne vous ressemble. Vous subjuguez comme en dépit de vous-même. Vous ignorez, non pas seulement la puérile coquetterie de votre sexe, mais encore la légitime puissance de voire beauté physique et morale. Vous êtes humble comme une vraie chrétienne, naïve comme un enfant, simple comme le génie. Je ne sais encore quel génie vous avez, Laure : peut-être aucun que le vulgaire puisse apprécier ; mais vous avez celui de toutes choses pour qui sait vous comprendre. Vous avez surtout celui de l’amour. Il se manifeste dans la terreur même qu’il vous cause, dans votre refus de l’essayer encore. Eh bien, j’attendrai. J’attendrai dix ans, s’il le faut ; mais, certain de ne retrouver nulle part un trésor comme votre âme, je ne renoncerai jamais à le conquérir ; mon espérance ne s’éteindra qu’avec ma vie.

» Avant de vous revoir, Laure, et comme je ne veux, auprès de vous, m’occuper que de vous, je viens vous parler de moi, de mon passé, de ma vie extérieure. Malgré votre sublime confiance, je me dois à moi-même de vous faire connaître, non pas l’homme qui vous aime, il est tout entier dans l’amour qu’il a mis à vos pieds, mais l’homme que les autres connaissent, l’artiste que vous croiriez peut-être appartenir au monde et qui n’appartiendra plus jamais qu’à vous.

» Vous m’avez dit, la première soirée que j’ai passée auprès de vous, que vous aviez entendu parler d’Adriani,