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ne pouvez pas me donner, une affection complète et absolue. Fiez-vous entièrement, Laure ; je suis trop fier pour songer à égarer l’esprit d’une femme comme vous ; je me respecte trop moi-même pour ne pas vous respecter. Votre pudeur alarmée en ce moment me serait une injure mortelle. Écoutez-moi donc et croyez-moi. Ce n’est pas moi, un inconnu, un passant qui vous parle : c’est quelque chose qui est en moi et qui me commande de vous parler ; quelque chose de supérieur à votre volonté et à la mienne ; c’est la voix de l’amour même qui remplit mon sein et qui déborde, mais sans délire, sans effroi, sans hésitation. Laure, je vous aime. Je pourrais vous cacher que c’est une passion qui m’envahit, vous offrir seulement, pour vous tranquilliser, une amitié douce et fraternelle. Je vous tromperais ; ce serait un plan de séduction, ce serait infâme. Il faut que vous acceptiez mon amour pour accepter mon amitié, car l’amitié est dans l’amour vrai, et, si l’un vous effraye, l’autre vous est nécessaire. Vous voulez guérir, vous voulez ne pas perdre la notion de Dieu, ni le titre sacré de créature humaine. Arrière donc l’abîme décevant de la folie ! Qu’il soit à jamais fermé ! Oubliez que vous y avez plongé un regard coupable. Ayez la volonté ; respectez-vous, aimez-vous vous-même, voilà tout ce que je vous demande, tout ce que je prétends vous persuader en vous aimant. Ne vous inquiétez pas, ne vous occupez