Giglio, se cachant dans l’ombre… (Page 46.)
Mon Dieu ! mon Dieu ! mon Dieu !
Eh bien, es-tu décidé, Astolphe.
Et toi, es-tu décidée à me cacher dans ton alcôve quand ils y viendront et à supporter toutes les suites de ma fureur ?
Tu veux tuer ta maîtresse ? J’y consens, pourvu que tu n’épargnes pas ton rival.
Mais il est riche, Faustina, et moi je n’ai rien.
Mais je le hais, et je t’aime.
Est-ce donc un rêve ? La femme pure que j’adorais le front dans la poussière se précipite dans l’infamie, et la courtisane que je foulais aux pieds se relève purifiée par l’amour ! Eh bien ! Faustina, je te baignerai dans un sang qui lavera tes souillures !… Le pacte est fait ?
Viens donc le signer. Rien n’est fait si tu ne passes cette nuit dans mes bras ! Eh bien ! que fais-tu ?
Tu le vois, je m’enivre afin de me persuader que je t’aime.
Toujours l’injure à la bouche ! N’importe, je supporterai tout de ta part. Allons !
(Elle lui ôte son verre et l’entraîne. Astolphe la suit d’un air égaré et s’arrêtant éperdu à chaque pas. Dès qu’ils sont éloignés, le domino noir, qui peu à peu s’est rapproche d’eux et les a observés derrière les rideaux de la tendine, sort de l’endroit où il était caché, et se démasque.)