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GABRIEL.

de moi, je pourrais gagner cette nuit cinq cents sequins. Tiens, en voici la preuve.

(Elle tire un billet de sa poche et le lui présente.)


Appelez du secours… (Page 42.)

ASTOLPHE, le lisant.

Cette offre splendide est d’un cardinal tout au moins.

FAUSTINA.

Elle est de monsignor Gafrani.

ASTOLPHE.

Et tu l’as refusée ?

FAUSTINA.

Oui, je t’ai vu passer dans la rue, et je t’ai fait dire de monter chez moi. Ah ! tu étais bien ému quand tu as su qu’une femme te demandait ! Tu croyais retrouver la dame de tes pensées ; mais te voici du moins sur sa trace, puisque je sais où elle est.

ASTOLPHE.

Tu le sais ! que sais-tu ?

FAUSTINA.

N’arrive-t-elle pas de Calabre ?

ASTOLPHE.

Ô furies !… qui te l’a dit ?

FAUSTINA.

Antonio. Quand il est ivre, il aime à se vanter à moi de ses bonnes fortunes.

ASTOLPHE.

Mais son nom ! A-t-il osé prononcer son nom ?

FAUSTINA.

Je ne sais pas son nom, tu vois que je suis sincère ; mais si tu veux je feindrai d’admirer ses succès, et je lui offrirai généreusement mon boudoir pour son premier rendez-vous. Je sais qu’il est forcé de prendre beaucoup de précautions, car la dame est haut placée dans le monde. Il sera donc charmé de pouvoir l’amener dans un lieu sûr et agréable.

ASTOLPHE.

Et il ne se méfiera pas de ton offre ?

FAUSTINA.

Il est trop grossier pour ne pas croire qu’avec un peu d’argent tout s’arrange…