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LES MISSISSIPIENS.



Louise seule, arrachant les fleurs de ses cheveux. (Page 25.)

JULIE.

Pour qu’il aille encore t’égarer par de nouveaux artifices ?

LOUISE.

Dans un autre couvent, où il ne pourra ni me découvrir ni m’approcher.

JULIE.

Ce serait peut-être là le meilleur parti à prendre si tu t’en sentais le courage.

LOUISE.

Oh ! oui, maman, j’aurai du courage, je vous en réponds ! Ah ! mon voile, ma robe de novice ! Rendez-moi tout cela, maman, afin que je m’en aille bien vite !

JULIE.

Je vais te les chercher. La voiture nous attend, nous pouvons aller à Chelles.

LOUISE.

Où vous voudrez, maman, pourvu que ce soit bien loin de lui.

(Julie sort.)
LOUISE, seule, arrachant les fleurs de ses cheveux.

Oh ! cette parure maudite que je portais déjà avec orgueil en songeant qu’elle m’embellirait à ses yeux !… il ne l’avait pas seulement remarquée… Il était mécontent, inquiet de me voir aller au bal. Sans doute, celle qu’il aime doit s’y trouver, et ma présence les eût gênés… Mais, après tout, il ne m’a jamais rien promis. (Se laissant tomber sur un fauteuil, les cheveux épars et ses parures gisant à terre.) Quel rêve ai-je donc fait ? Insensée que je suis ! Ah ! je l’aimais, moi, et j’aurais su me faire religieuse, et vivre à jamais retirée du monde, cloîtrée, oubliée de tous, pourvu qu’une heure, un instant, qu’une fois dans l’année, il fût venu me dire au travers de la grille : « Mon enfant, je veille sur vous. » Mais à présent je ne peux pas, je ne veux pas le revoir… Et mes jours se consumeront dans l’ennui mortel de la solitude, dans l’horreur de l’abandon… car personne ne m’aime, moi ! personne ne m’a jamais aimée. Que cette idée fait de mal… elle donne la mort… Oui, je me sens mourir !… Maman !… J’étouffe.

(Elle veut se lever, chancelle et retombe évanouie sur le fauteuil.)
JULIE rentre avec le voile et la robe de novice.

Allons, Louise, du courage… Eh bien ! Elle ne répond pas… Louise… vous souffrez donc beaucoup ? Comme