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SIMON.

de se débarrasser du voisinage et de l’intimité, non de la famille Féline, qui ne l’importunait guère de ses empressements, mais de M. Parquet, qui, affectant de le prendre désormais au mot et de le traiter d’égal à égal, s’amusait à le faire cruellement souffrir.



Il y entra d’un air rogue… (Page 42.)

Il est vraisemblable que les relations du village avec le château eussent été de plus en plus rares et froides, sans un événement qui vint tout à coup plier jusqu’à terre l’épine dorsale du comte de Fougères : la chute d’une dynastie et l’établissement d’une autre. Le règne du tiers-état sembla effacer tous les vestiges d’orgueil nobiliaire que M. de Fougères n’avait pas laissés dans la boutique de M. Spazetta. Tant que la royauté bourgeoise n’eut pas pris décidément le dessus sur les résistances sincères, le comte, espérant tout, ou plutôt craignant tout de l’influence des avocats et de la puissance des grandes âmes, se fit l’adulateur de son gendre, et par conséquent de M. Parquet. Simon avait peine à dissimuler son dégoût pour cette conduite, et M. Parquet y trouvait un inépuisable sujet de moquerie et de divertissement. Mais quand la puissance régnante eut absorbé ou paralysé l’opposition ; quand, n’ayant plus peur du parti républicain elle se tourna vers l’aristocratie et chercha à la conquérir, M. de Fougères suivit l’exemple de la mauvaise race de courtisans qui ne peut pas perdre l’habitude de servir ; et, cessant de faire de l’indignation au fond de son château avec le sardonique M. Parquet, il se brouilla avec lui et avec Simon sur le premier prétexte venu ; puis il revint à Paris faire sa cour à quiconque lui donna l’espoir de le pousser à la pairie, chimérique espoir qu’il avait caressé sous le règne précédent.


FIN DE SIMON.