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ISIDORA.

vailler ; je sens que je n’ai plus rien en moi qui ne me vienne d’elle, et qu’avant de transcrire les idées qu’elle me suggère il faut que je m’en pénètre en l’écoutant encore, en rêvant à ce que j’ai déjà entendu.



Serait-ce là une femme ?… (Page 3.)

Je n’ai songé à m’informer ni de sa position à l’égard du monde, ni des circonstances de sa vie privée, ni même du nom qu’elle porte ; je sais seulement qu’elle s’appelle Julie, comme l’amante de Saint-Preux, Que m’importe tout le reste, tout ce qui n’est pas vraiment elle-même ? J’en sais plus long sur son compte que tous ceux qui la fréquentent ; je connais son âme, et je vois bien à ses discours et à ses nobles plaintes que nul autre que moi ne l’apprécie. Une telle femme n’a pas sa place dans la société présente, et il n’y en a pas d’assez élevée pour elle. Oh ! du moins elle aura dans mon cœur et dans mes pensées celle qui lui convient ! Depuis huit jours je me suis tellement réconcilié avec ma solitude, que je m’y suis retranché comme dans une citadelle ; je ne regarde même plus la femme ignoble qui me sert, de peur de reposer ma vue sur la laideur morale et physique, et de perdre le rayon divin dont s’illumine autour de moi le monde idéal. Je voudrais ne plus entendre le son de la voix humaine, ne plus aspirer l’air vital hors des heures que je ne puis passer auprès d’elle. Oh ! Julie ! je me croyais philosophe, je me croyais juste, je me croyais homme, et je ne vous avais pas rencontrée !

CAHIER No 1. — TRAVAIL.

de l’amour.

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CAHIER No 2. — JOURNAL.

15 janvier.

Je ne croyais pas qu’un homme aussi simple et aussi retiré que moi dût jamais connaître les aventures, et pourtant en voici deux fort étranges qui m’arrivent en peu de jours, si toutefois je puis appeler du nom léger d’aventure ma rencontre romanesque et providentielle avec l’admirable Julie.