Page:Sand - Évenor et Leucippe, Garnier, 1856, tome 1.djvu/235

Cette page a été validée par deux contributeurs.

corps se développait à l’insu de son esprit, que par un acte d’amour et de soumission.

Deux ans s’étaient écoulés depuis qu’il possédait le sublime et terrible Éden, ou plutôt depuis qu’il était possédé et terrassé par la solennité du désert. De tous les instincts qui survivent à la perte de la mémoire, celui de la liberté est le plus tenace, le plus invincible. Évenor s’agitait donc sans but défini, mais sans relâche, pour sortir de sa prison. Il s’essayait sans cesse, non à gravir les escarpements à pic du rocher, pas plus que les animaux, il ne se sentait poussé à faire l’impossible, mais à chercher, dans les masses en dé-