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ŒUVRES DE ALBERT SAMAIN

ayant toujours trouvé que l’usage des aphorismes, surtout quand ils sont d’une solidité écrasante, constituait vis-à-vis du malheur une cruauté véritablement superflue.

Chacun pourra donc à son gré et pour son propre compte vérifier sur ces infortunés la justesse des maximes qui lui sont chères. Pour moi, je préfère me recueillir et murmurer du fond de l’âme une lente prière aux Pitiés tristes et voilées.

Devant la vitrine en deuil, où rayonnait hier encore Xanthis la jolie, une mystérieuse tendresse me retient, et il me plaît de m’imaginer que ce n’est point sans intention que, mes doigts ayant touché par hasard une vieille boîte à musique, il en sortit, en petites notes grêles et lointaines comme des larmes de figurines, un air du temps passé, si doux et si touchant à la fois, qu’il semblait bien fait pour exprimer dans sa tristesse la vanité des Amours passagères et la mélancolie des fragiles Destinées.