Page:Samain - Œuvres, t3, 1921.djvu/108

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
96
ŒUVRES DE ALBERT SAMAIN

un désir de ne plus sentir, de ne plus voir, de ne plus penser, de ne plus être moi-même enfin. Réponds, ne serait-ce pas là ce que les hommes appellent la mort ? Ô Ydragone, ne pourrais-tu me procurer la mort ?

Et il leva vers elle une face lamentable où ses yeux enfoncés brûlaient comme des charbons.

― En vérité, fit-elle, ce que tu demandes est impossible, car tu n’ignores point que le sang de l’Ægipan coule dans tes veines, et que c’est le sang immortel d’un dieu.

― Pourtant, tes philtres sont si puissants ! murmura le faune d’une voix suppliante.

― Écoute, ta douleur m’a émue, et je veux bien tenter sur toi l’effet de mes enchantements. Auparavant, il faut t’engager à m’apporter quelque chose à quoi tu sois attaché, tiens, cet agneau, par exemple. »

Hyalis tressaillit, la petite bête léchait doucement ses doigts.

― Je te l’apporterai, dit-il.