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ŒUVRES DE ALBERT SAMAIN


 
La nuit tiède s’évente au long des marronniers…
La nuit tardive, où flotte encor de la lumière.
Tout est noir et désert aux anciens quartiers ;
Mon âme, accoude-toi sur le vieux pont de pierre,
Et respire la bonne odeur de la rivière.



Le silence est si grand que mon cœur en frissonne.
Seul, le bruit de mes pas sur le pavé résonne.
Le silence tressaille au cœur, et minuit sonne !



Au long des grands murs d’un couvent
Des feuilles bruissent au vent.
Pensionnaires… Orphelines…
Rubans bleus sur les pèlerines…
C’est le jardin des Ursulines.



Une brise à travers les grilles
Passe aussi douce qu’un soupir.
Et cette étoile aux feux tranquilles,
Là-bas, semble, au fond des charmilles,
Une veilleuse de saphir.