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ŒUVRES DE ALBERT SAMAIN


 
Une solennité douce flotte dans l’air,
Ma poitrine se gonfle au vent rude qui passe ;
Et mon cœur, on dirait, grandit avec l’espace,
Car la plaine infinie est pareille à la mer.



La faux des moissonneurs a passé sur les terres,
Et le repos succède aux travaux des longs jours ;
Parfois une charrue, oubliée aux labours,
Sort, comme un bras levé, des sillons solitaires.



L’Angélus au loin sonne, et, simple en son devoir,
La glèbe écoute au ciel tinter la cloche pure,
Et comme une humble vieille en sa robe de bure
Semble dire tout bas sa prière du soir.



La nuit à l’orient verse sa cendre fine ;
Seule au couchant s’attarde une barre de feu ;
Et dans l’obscurité qui s’accroît peu à peu
La blancheur de la route à peine se devine.