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ŒUVRES DE ALBERT SAMAIN


La nuit tombe… À cette heure, abandonnant la lutte,
Le hautbois lentement se marie à la flûte.
Dans le soir qui s’étoile un chant s’élève alors
Si poignant et si tendre en ses simples accords
Qu’il semble soupirer la tristesse éternelle
De tout ce que la terre a de plus doux en elle !
Et la vierge aux longs cils sous l’extase étouffant
Sent comme un poids trop lourd briser son cœur d’enfant.
Un mystère autour d’elle a transformé les choses,
Doux comme un flot de lune en été sur des roses.
Immobile, le sein gonflé d’un long soupir,
Jusqu’au fond de son être elle se sent mourir,
Et laisse sur sa joue, et sans qu’elle s’en doute,
Son âme en larmes d’or descendre goutte à goutte.