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SYMPHONIE HÉROÏQUE


Tous les feux sont éteints au vieux port de la Foi.
Nul ne croit plus au ciel qui faisait croire en soi…
Ô vent de deuil sur les âmes déracinées !



On dirait qu’un grand mort dans l’ombre est étendu,
Autour duquel en chœur pleurent les Agonies.
Le temps n’est plus de nos superbes tyrannies.
Les glaives sont rouillés : les légendes finies…
Et dans les bois déserts le cor sonne, éperdu !



Le cor sonne pour la suprême chevauchée
Des chasseurs d’idéal au galop fulgurant.
Ô solitude, en ton silence dévorant,
L’écho seul a hurlé l’appel désespérant
Sous la lune, dans les branches effarouchée !…



Voici venir le vol augural des corbeaux,
Des corbeaux dépeceurs sinistres des vieux mondes.
Tout l’avenir est noir de leurs ailes immondes…