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ŒUVRES DE ALBERT SAMAIN


Cloué par un couteau, mon cœur bat, mon sang coule…
Et c’est un tribunal au fond d’un souterrain,
Où trois juges, devant une table d’airain,
Siègent, portant chacun une rouge cagoule.



Et mon âme à genoux, devant leur trinité,
Râle, en claquant des dents, ses hontes, sa misère.
Et leur voix n’a plus rien des pitiés de la terre,
Et les trous de leurs yeux sont pleins d’éternité.



…Mais soudain, dans la nuit d’hiver profonde encore,
Tout mon cœur d’un espoir immense a frissonné,
Car voici qu’argentine, une cloche a sonné,
Par trois coups espacés, la messe de l’aurore.