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LE CHARIOT D’OR


Ma vie est là pourtant, très exacte et très vraie,
Harnais quotidiens, sonnailles de grelots,
Comédie et roman, faux rires, faux sanglots,
Et cette herbe des sens, folle comme l’ivraie…



Et tout s’avère alors si piteux et si vain,
Tant de mensonge éclate au rôle que j’accepte,
Que le dégoût me prend d’être ce pitre inepte
Et de recommencer la parade demain !



Les Heures de la nuit sont lentes et funèbres.
L’angoisse comme un drap mouillé colle à ma chair ;
Et ma pensée, ainsi qu’un vaisseau sous l’éclair,
Roule, désemparée, au large des ténèbres.



De mortelles vapeurs assiègent mon cerveau…
Une vieille en cheveux qui rôde dans des tombes
Ricane en égorgeant lentement des colombes ;
Et sa main de squelette agrippe mon manteau…