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LE CHARIOT D’OR


 
Et Nuit divine aussi, vierge pure et clémente
Qui ranimes l’amour à ton sourire obscur,
Toi qui poses au cœur tes longues mains d’azur,
Et portes le Sommeil innocent sous ta mante.



Seule, tu sais calmer les tourments inconnus
De ceux que le mentir quotidien torture.
Leur front brûle, et voici ta sombre chevelure ;
Leur âme est solitaire, et voici tes bras nus.



Et chacun, dénouant des liens du masque infâme,
Dans ta forêt, sous l’œil d’or fixe du hibou,
Au large de son cœur promène un archet fou,
Et marche, magnifique et libre, dans son âme !



Cependant qu’aux buissons l’oiseau sentimental,
L’oiseau triste et divin que les ombres suscitent,
Sur les jardins déserts où les feuilles palpitent
Fait ruisseler son cœur en sanglots de cristal.