Les paysans rentrant par les plaines tranquilles
Prennent au crépuscule un accent éternel ;
Et la Tristesse passe, en respirant le ciel
Vaguement lumineux dans les eaux immobiles.
Derniers bruits des chemins pleins d’ombre. Fin du jour…
Ô Nuit, l’âme des fleurs nuptiales t’épie ;
Le bétail est couché ; la glèbe est assoupie,
Et la servante a clos les portes de la cour.
Sur ton sein resplendit la lune magnétique.
La nymphe qu’elle attire ondule dans les joncs ;
Et tout ce qu’en nos cœurs sanglotants nous songeons
Monte, comme la mer, vers sa face mystique.
L’heure est harmonieuse et grave sous les cieux ;
L’ombre, étendue au loin, solennise les lignes ;
Et l’homme, s’éveillant au mystère des signes,
Sent monter lentement la prière à ses yeux…