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LE CHARIOT D’OR


Elle dit : « Quelque jour dans un Pays Suprême
Ton désir cueillera les fruits puissants et beaux
Dont la fleur blême ici languit sur les tombeaux.
Et ton propre Idéal sera ton diadème.



« Avec l’argile triste où chemine le ver
Tu quitteras le mal, la honte, l’esclavage,
Et je te sourirai dans les lys du rivage,
Belle comme la lune, en été, sur la mer.



« Tes sens magnifiés vivront d’intenses fièvres,
Ivres d’intensité dans un air immortel ;
Alors s’accomplira ton rêve originel
Et, penché, sur mes yeux pleins d’un soir éternel,



« C’est ton âme que tu baiseras sur mes lèvres. »