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ŒUVRES DE ALBERT SAMAIN


Hyacinthe est le nom mortel que je lui donne.
Souvent au fond des ans par d’étranges détours
Nous évoquons la même enfance aux mêmes jours,
Et sa voix dont l’accent fatidique m’étonne



Semble du plus profond de mon âme venir.
Elle a le timbre ému des heures abolies,
Et sonne l’angélus de mes mélancolies
Dans la vallée au vieux clocher du souvenir.



Et parfois Elle dit, pâle en la nuit profonde,
Pendant qu’au loin la lune argente un marbre nu
Et qu’un ruissellement léger et continu
Mêle au son de sa voix l’écoulement de l’onde,



Pendant qu’aux profondeurs des grands espaces bleus
Palpite une douceur grave et surnaturelle,
Et que je vois comme un miracle fait pour elle
Les astres scintiller à travers ses cheveux,