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au jardin de l'infante


Des soleils d’or brutal dont la terre est jalouse ;
Et la Nuit chaste et froide à jamais me voila.



L'AMANT


L’heure a sonné parmi l’espace taciturne.
Vois, mon amante est belle, et je veux l’adorer ;
Car son cœur est à moi, son cœur plein comme une urne
De toute l’eau du ciel que l’amour peut pleurer.



LA MORT


Pauvre fou ! Celle-là vraiment l’as-tu bien toute ?...
Sondas-tu jusqu’au fond l’abîme de ses yeux !
Ton amour ? C’est un fruit mûr pour le ver du doute.
Prends garde, ton amour n’est qu’orgueil, orgueilleux !



L'AMANT


Tais-toi, laisse-moi vivre et m’enivrer de l’heure,
Dans cet air plein encor de ses derniers aveux.
Sa chair est glorieuse, et son souffle m’effleure
Et son bras est si blanc qui soutient ses cheveux !