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au jardin de l'infante


Ils tirent, épuisés, vacillant, chancelant ;
Alors le fouet qui guette, éternelle menace,
Soudain se lève, plane, et s’abattant, vorace,
Mord d’un baiser aigu leur ventre pantelant.



Il siffle, il cingle, il brûle, il s’exalte, joyeux !
À larges tourbillons dans l’air sonore il claque,
Et le martyr s’abat dans le brancard qui craque,
Sous un féroce éclair qui lui coupe les yeux !



Il râle sur le flanc ; son ventre où le cuir mord
Se soulève à grands coups, comme un soufflet de forge ;
Et ses yeux, ses doux yeux de bête qu’on égorge,
Effarés et vitreux regardent, dans la mort.



Alors, las de frapper, le Fouet effervescent,
Plus calme par degrés, s’apaise dans son crime ;
Et doucereusement caresse sa victime
Du bout fin de sa mèche où pend un fil de sang...