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au jardin de l'infante


Il est le bourreau frêle, et, docte en longs tourments,
Du hautain nonchaloir où son mépris s’exile,
Comme un prince barbare à l’ennui difficile,
Il médite à loisir ses lents raffinements.



Dilettante savant, voluptueux du mal,
Il ne vibre jamais d’ivresse plus stridente
Que lorsqu’il fouille à nu d’une lanière ardente
Ce qui palpite au fond d’un ventre d’animal.



Oh ! les pauvres chevaux, aux vieux genoux pliants,
Qui vont trottant, l’oreille inerte, les dents jaunes,
Stupides, et souffrant leurs douleurs monotones,
Avec d’humbles regards vaguement suppliants !



Ils vont ; la côte est rude à leurs poumons fourbus,
Mais le Fouet droit, là-haut, veille, terreur vivante,
Et sans savoir, tout pleins d’une aveugle épouvante,
Ils tirent, les naseaux soufflants, les reins tendus.