Or, un soir que Tsilla venait à la fontaine,
Sa cruche sur l’épaule, en un pas bien rythmé,
Elle vit, seul au bord d’un sentier parfumé,
Un étranger vêtu d’une grâce hautaine.
Sa bouche avait l’éclat de la grenade vive,
Et ses yeux regardaient avec tant de douceur
Que, ce soir-là, Tsilla, dont Naïm fut la sœur,
Revint de la fontaine à pas très lents, pensive.
Le lendemain, au jour tombant, comme la veille,
Un grand lis à la main, l’étranger était là ;
Quand la vierge apparut, il sourit et Tsilla,
Rose, s’épanouit comme une fleur vermeille.
Ils causèrent ; leurs voix chantaient, mélancoliques ;
La lune découpait leurs ombres à leurs pieds ;
Et vers eux les chameaux tournaient, agenouillés,
La limpide douceur de leurs grands yeux obliques.