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qui avaient alors par hasard des députés à Rome ; et la fureur des conjurés se serait répandue au-delà des Alpes si, par une seconde trahison de Vulturcius, on ne détenait pas la lettre du préteur. Par l’ordre de Cicéron, on met sur-le-champ la main sur les Barbares. Le préteur est convaincu en plein sénat. On délibère sur le supplice des conspirateurs ; César conseille la clémence, eu égard à leur dignité, Caton, la rigueur, à cause de leur crime[1]. Cet avis réunit toutes les voix, et les parricides sont étranglés dans leur prison.

Quoique la conjuration soit en partie étouffée, Catilina ne se désiste cependant pas de son entreprise : il déploie, du fond de l’Etrurie, l’étendard de la rébellion, marche contre Rome, rencontre l’armée d’Antoine, et est vaincu. On apprit, après la victoire, avec quel féroce acharnement elle avait été disputée. Pas un des rebelles ne survécut à cette bataille. Chacun d’eux, en rendant le dernier soupir, couvrait de son corps la place qu’il occupait dans le combat. Catilina fut trouvé loin des siens, au milieu de cadavres ennemis ; mort glorieuse, s’il eût ainsi succombé pour la patrie !

II. — Guerre de César contre Pompée. — (An de Rome 703-709.) — Presque tout l’univers était en paix, et l’empire romain désormais trop puissant pour qu’aucune force étrangère pût le détruire. C’est alors que la fortune, jalouse du peuple-roi, l’arma contre lui-même. La rage de Marius et de Cinna, concentrée dans Rome, avait été le prélude et comme l’essai des guerres civiles. L’orage excité par Sylla avait grondé plus loin, mais, néanmoins, dans la seule Italie. Les fureurs de César et de Pompée enveloppèrent Rome, l’Italie, les peuples, les nations, enfin toute l’étendue de l’empire, comme dans un déluge ou un vaste embrasement. On ne peut donc appeler justement cette guerre ni civile ni même sociale ; et cependant ce n’est pas une guerre étrangère ; c’est plutôt un composé de toutes celles-là, et quelque chose de plus qu’une guerre (3).

Veut-on, en effet, considérer les chefs ? tout le sénat prit parti ; les armées ? on voit onze légions d’un côté[2], dix-huit de l’autre, toute la fleur, toute la force du sang italien (4) ; les secours fournis par les alliés ? ici ce sont les levées de la Gaule et de la Germanie ; là, Déjoratus, Ariobarzanes, Tarcondimotus, Cotys, les forces réunies de la Thrace et de la Cappadoce, de la Cilicie, de la Macédoine, de la Grèce, de l’Italie, en un mot de l’Orient tout entier. Quant à la durée de la guerre, elle fut de quatre ans, court espace pour l’étendue de ses ravages (5). Veut-on savoir enfin quels lieux et quels pays en furent le théâtre ? Ce fut d’abord l’Italie ; de là elle se détourna contre la Gaule et l’Espagne ; puis, revenant de l’Occident, elle accabla de tout son poids l’Épire et la Thessalie, d’où elle s’élança tout à coup sur l’Égypte ; puis, après avoir menacé l’Asie, elle s’acharna sur l’Afrique ; enfin, elle se replia sur l’Espagne, et y expira. Mais la fureur des partis ne s’éteignit pas avec celle des combats. La haine des vaincus ne s’apaisa qu’après s’être assouvie

  1. V. leurs discours, Sall. Catil. c. 41-42.
  2. Du côté de César.