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feu. Les troupes de Rutilius, celles de Caepion sont vaincues. Julius César, après avoir perdu son armée, est ramené à Rome couvert de blessures ; il expire, et laisse dans la ville les traces sanglantes de son passage. Mais la fortune du peuple romain, toujours grande, et plus grande encore dans l’adversité, rassemble toutes ses forces et se relève. On oppose une armée à chaque peuple. Caton dissipe les Etrusques ; Gabinius, les Marses ; Carbon, les Lucaniens ; Sylla, les Samnites. Pompéius Strabon, portant de tous côtés le fer et la flamme, ne met fin à ses ravages qu’après avoir satisfait, par la destruction d’Asculum, aux mânes de tant de guerriers et de consuls, aux dieux de tant de villes saccagées.

XX. — Guerre contre les esclaves. — (An de Rome 615-652.) Si la guerre sociale fut un crime, au moins la fit-on à des hommes de naissance et de condition libres. Mais qui pourra voir sans indignation le peuple roi des nations combattre des esclaves ? Vers les commencements de Rome, une première guerre servile avait été tentée dans cette ville même par Herdonius Sabinus. Profitant des séditions excitées par les tribuns, il se saisit du Capitole, qui fut repris par le consul. Mais cet événement fut plutôt un tumulte qu’une guerre. Qui eût cru que plus tard, et lorsque notre empire s’étendait dans les diverses contrées de la terre, une guerre contre les esclaves désolerait bien plus cruellement la Sicile que n’avait fait une guerre punique ? Cette terre fertile, cette province était en quelque sorte un faubourg de l’Italie, où les citoyens romains possédaient de vastes domaines. La culture de leurs champs les obligeait à avoir de nombreux esclaves, et ces laboureurs à la chaîne devinrent les instruments de la guerre. Un Syrien, dont le nom était Eunus (la grandeur des désastres qu’il causa fait que nous nous en souvenons), feignant un enthousiasme prophétique, et jurant par la chevelure de la déesse des Syriens, appela les esclaves, comme par l’ordre des dieux, aux armes et à la liberté. Pour prouver qu’une divinité l’inspirait, cet homme, cachant dans sa bouche une noix remplie de souffre allumé, et poussant doucement son haleine, jetait des flammes en parlant. A la faveur de ce prodige, il fut d’abord suivi de deux mille hommes qui vinrent s’offrir à lui. Bientôt, les armes à la main, il brisa les portes des prisons, et se forma une armée de plus de soixante mille hommes ; puis, mettant le comble à ses forfaits, il prit les insignes de la royauté, et porta le pillage et la dévastation dans les forteresses, les villes et les bourgs. Bien plus (et ce fut le dernier opprobre de cette guerre), il força les camps de nos préteurs ; je ne rougirai pas de les nommer ; c’étaient ceux de Manilius, de Lentulus, de Pison, d’Hipsœus. Ainsi, des esclaves que la justice aurait dû arrêter dans leur fuite et ramener à leurs maîtres, poursuivaient eux-mêmes des généraux prétoriens qu’ils voyaient fuir devant eux.

Enfin, Perperna, général envoyé contre eux, en tira vengeance. Après les avoir vaincus, et enfin assiégés dans Enna, où la famine, suivie de la peste, acheva de les réduire, il chargea de fers et de chaînes ce qui restait de ces brigands, et les punit du supplice de la croix. Il se con-