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ABRÉGÉ
de
L’HISTOIRE ROMAINE.

LIVRE PREMIER

Avant-propos. — Le peuple romain, depuis le roi Romulus jusqu’à César Auguste, a, pendant sept cents ans (1), accompli tant de choses dans la paix et dans la guerre, que, si l’on compare la grandeur de son empire avec sa durée, on le croira plus ancien. Il a porté ses armes si avant dans l’univers, qu’en lisant ses annales ce n’est pas l’histoire d’un seul peuple que l’on apprend, mais celle du genre humain (2). Il a été en butte à tant d’agitations et de périls, que, pour établir sa puissance, le courage et la fortune semblent avoir réuni leurs efforts.

Aussi ce sont principalement ses progrès qu’il importe de connaître : cependant, comme le plus grand obstacle à une entreprise est son étendue, et que la diversité des objets émousse l’attention, j’imiterai l’art de ceux qui peignent les contrées de la terre (3) ; j’embrasserai, comme dans un cadre étroit, le tableau entier de l’empire ; et j’ajouterai, je l’espère, à l’admiration qu’inspire le peuple roi (4), si je parviens à retracer dans ses proportions et dans son ensemble son universelle grandeur.

Si donc l’on considère le peuple romain comme un seul homme (5), si l’on envisage toute la suite de son âge, sa naissance, son adolescence, la fleur, pour ainsi dire, de sa jeunesse, et enfin l’espèce de vieillesse où il est arrivé, on trouvera son existence partagée en quatre phases et périodes.

Son premier âge se passa sous les rois, dans l’espace de près de deux cent cinquante années (6), pendant lesquelles il lutta, autour de son berceau, contre les nations voisines (7). Ce sera là son enfance (8).

L’âge suivant, depuis le consulat de Brutus et