Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/539

Cette page n’a pas encore été corrigée

un certain Philon, ardent partisan de Pompée et fort connu en Lusitanie, vers Cécilius Niger, barbare qui commandait à Lennium[1] un grand corps de Lusitaniens. À son retour, Philon est introduit de nuit dans la place, où il entre par-dessus la muraille ; ils égorgent les sentinelles et la garnison de César, ferment les portes, et se mettent de nouveau en défense.

XXXVI. Sur ces entrefaites, les députés de Cartéia vinrent dire à César qu’ils avaient Pompée en leur pouvoir. Ils espéraient par ce service réparer le tort qu’ils avaient eu auparavant de lui fermer leurs portes. Les Lusitaniens enfermés à Hispalis continuaient à se défendre. César, appréhendant que s’il pressait la ville, ces furieux n’y missent le feu et n’en détruisissent les murailles, se décida à les laisser sortir de nuit : ce en quoi ils ne croyaient pas avoir son consentement. En sortant, ils mirent le feu aux vaisseaux qui étaient sur le Bétis, et prirent la fuite pendant que nous étions occupés à l’éteindre. Notre cavalerie les tailla en pièces. Ensuite, César, maître d’Hispalis, marcha sur Asta[2] qui lui envoya des députés pour faire sa soumission. Plusieurs de ceux qui s’étaient retirés dans Munda se rendirent, et l’on en composa une légion. Puis il fut arrêté entre eux et les assiégés que, la nuit, à un signal convenu, ceux de la ville feraient une sortie, tandis qu’eux-mêmes commenceraient le massacre dans notre camp. Le complot ayant été découvert la nuit suivante, à la troisième veille, par le mot d’ordre qui fut livré, ils furent tous conduits hors des retranchements et mis à mort.

XXXVII. Pendant que César soumettait, sur sa route, les autres villes de la province, une discussion s’éleva, au sujet de Pompée, entre les chefs de Cartéia. D’une part, étaient ceux qui avaient député vers César ; de l’autre, les partisans de Pompée. Une sédition a lieu : on s’empare des portes, et un grand carnage commence : Pompée lui-même est blessé, et il prend la fuite avec trente galères. Didius, qui commandait notre flotte à Gadès, en ayant été averti, se mit aussitôt à le poursuivre, et répandit sur la côte de la cavalerie et de l’infanterie pour le saisir. Ils l’atteignirent au quatrième jour de sa navigation. Pompée, étant parti de Cartéia sans se donner le temps de se fournir d’eau, fut obligé de toucher terre pour s’en pourvoir. Pendant ce temps-là, Didius accourut, brûla ses vaisseaux, et en prit même quelques-uns.

XXXVIII. Pompée échappa avec peu de monde, et s’empara d’un poste fortifié par la nature La cavalerie et les cohortes envoyées à sa poursuite, ayant été averties par les éclaireurs, marchèrent nuit et jour. Pompée était grièvement blessé à l’épaule et à la jambe gauche ; en outre, il s’était donné une entorse qui l’empêchait de marcher. Aussi, depuis qu’il avait quitté Cartéia, il se faisait porter dans la même litière dans laquelle il était en y entrant. Un Lusitanien de son escorte l’ayant fait reconnaître en lui rendant les honneurs militaires, aussitôt la cavalerie

  1. Inconnu.
  2. Aujourd’hui Xeros de la Fontera.