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poussant de grands cris, et le chargèrent. Celui-ci, épouvanté, prit la fuite, et rentra dans son camp avec une grande perte.

XXXVI. César, pour récompenser le courage de l’armée, donna treize mille sesterces à la cavalerie de Cassius, dix mille à l’infanterie légère, et à Cassius cinq colliers d’or. Ce même jour, A. Bébius, C. Flavius, et A. Trébellius, chevaliers romains d’Asta, vinrent se rendre à César avec un équipage magnifique. Ils nous apprirent que tons les chevaliers romains de l’armée de Pompée avaient voulu venir nous joindre ; mais que sur la dénonciation d’un esclave, ils avaient tous été arrêtés, et qu’eux seuls avaient trouvé moyen de s’enfuir. Le même jour on intercepta une lettre que Pompée envoyait aux habitants d’Urso : « Si votre santé est bonne, disait-il, je m’en réjouis ; pour moi je me porte bien[1]. Quoique nous ayons eu jusqu’ici le bonheur de repousser nos ennemis, j’aurais fini la guerre plus tôt que vous ne pensez, s’ils voulaient descendre en plaine. Mais ils n’osent exposer aux chances d’un combat une armée composée de recrues, et en s’emparant de nos places ils cherchent à traîner les affaires en longueur ; ils tiennent toutes les villes assiégées, et c’est de là qu’ils tirent leurs vivres. C’est pourquoi je mets tous mes soins à conserver celles de notre parti, et au premier jour je terminerai la guerre. Je me propose de vous envoyer quelques cohortes. Il est certain qu’en ôtant à l’ennemi la ressource de nos vivres, nous le forcerons malgré lui à combattre. »

XXXVII. Quelque temps après, comme nos travailleurs étaient peu sur leurs gardes, l’ennemi nous tua quelques cavaliers qui faisaient du bois dans une forêt d’oliviers. Des esclaves transfuges nous apprirent que depuis l’affaire qui s’était passée près de Soricaria, le troisième jour des nones de mars, les ennemis étaient dans une crainte continuelle, et qu’Attius Varus ne cessait de veiller à la sûreté des forts. Ce même jour, Pompée lève son camp et va se poster près d’Hispalis[2], dans un bois d’oliviers. Avant que César eût pris la même route, la lune se montra vers la sixième heure[3]. De là Pompée marcha vers Ucubi. En quittant cette place, il ordonna à ses troupes d’y mettre le feu et de se retirer ensuite dans leur grand camp. De son côté, César assiège et prend la ville de Ventipo, marche sur Carruca et campe vis-à-vis de Pompée. Ce dernier brûla cette ville parce qu’elle avait refusé de lui ouvrir ses portes. Un soldat qui avait égorgé son frère dans le camp fut pris par les nôtres et assommé sous le bâton. De là César continuant sa route, arrive dans la plaine de Munda et campe vis-à-vis de Pompée.

XXVIII. Le jour suivant, comme César se disposait à partir avec ses troupes, ses coureurs vinrent lui dire que Pompée était en bataille depuis la troisième veille. À cette nouvelle, il déploya l’étendard. Pompée n’avait fait cette démarche que parce que peu auparavant il avait mandé à ceux des habitants d’Urso qui étaient dans ses intérêts, que César n’osait exposer aux chances

  1. Formule épistolaire.
  2. Aujourd’hui Séville.
  3. Vers midi.