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quante-cinq vaisseaux. César, ignorant son arrivée, envoya Lucius Cispius avec vingt-sept galères se poster à Thapsus pour escorter ses convois, et fit partir dans le même but, vers Hadrumète, treize autres galères sous la conduite de Quintus Aquila. Cispius arriva bientôt à sa destination ; mais Aquila eut le vent contraire, et ne put doubler le cap ; toutefois, ayant trouvé une anse commode, il s’y mit à couvert hors de la portée des ennemis. Le reste de notre flotte était en rade devant Leptis ; les matelots, descendus à terre, étaient en partie dispersés sur le rivage, et en partie étaient allés dans la ville pour acheter des vivres : elle se trouvait ainsi sans défense. Varus, en ayant été informé par un transfuge, profita de l’occasion : il sortit du port d’Hadrumète, arriva à la pointe du jour à Leptis avec sa flotte, brûla les vaisseaux de charge qui étaient à l’ancre loin du port, et prit, sans opposition, deux galères à cinq rangs, sur lesquelles il n’y avait point de soldats.

LXIII. Cependant César, ayant appris cette nouvelle tandis qu’il visitait les travaux qui étaient éloignés du port d’environ six mille pas, quitte tout, monte à cheval et arrive promptement à Leptis. Là, après avoir exhorté toute sa flotte à le suivre, il part en avant sur le premier petit bâtiment qui se présente, se renforce, en passant, d’Aquila, que le nombre des vaisseaux ennemis avait effrayé, et se met à leur poursuite. Alors Varus, étonné de l’activité et de l’audace de César, rebrousse chemin et s’enfuit vers Hadrumète avec toute sa flotte. César le poursuit l’espace de quatre milles, reprend une de ses galères à cinq rangs avec tout l’équipage et cent trente soldats ennemis qui la gardaient. Une galère à trois rangs, qui avait voulu se défendre, fut prise avec tous les matelots et les rameurs dont elle était chargée. Le reste de la flotte ennemie doubla le cap et rentra au port d’Hadrumète. César ne put doubler le cap avec le même vent. Il passa la nuit à l’ancre dans la rade, s’approcha au point du jour d’Hadrumète, brûla les vaisseaux de transport qui étaient en rade, s’empara de tous les autres ou les repoussa dans le port, et, après avoir attendu quelque temps pour voir si la flotte ennemie voudrait lui livrer combat, il se retira dans son camp.

LXIV. Dans la galère qui fut prise se trouvait P. Vestrius, chevalier romain, et P. Ligarius, du parti d’Afranius, que César avait fait prisonnier en Espagne et relâché avec les autres. Depuis il était allé rejoindre Pompée, et, ayant échappé à la déroute de Pharsale, il était venu trouver Varus en Afrique. César le fit mourir à cause de son parjure et de sa perfidie. Quant à P. Vestrius, il eut son pardon, tant parce que son frère avait payé à Rome la somme à laquelle il avait été taxé, que parce qu’il justifia sa conduite, en prouvant qu’après avoir été pris par la flotte de Nasidius et sauvé par Varus au moment où on le menait au supplice, il n’avait trouvé depuis aucun moyen de rejoindre César.