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nus avait projeté de s’emparer de ce même poste, et comme il en était le plus près, il y arriva aussi le premier.

L. Il y avait dans cet endroit une vallée assez large, d’une pente escarpée, et remplie de crevasses en forme de cavernes, que César avait à passer avant d’arriver à la colline dont il voulait s’emparer ; au-delà du vallon était un vieux bois d’oliviers fort épais. Labiénus, qui connaissait les lieux, comprit que, pour s’emparer de la colline, César serait obligé de traverser cette vallée et ce bois, s’y mit en embuscade avec son infanterie légère et une partie de sa cavalerie, et cacha le reste derrière la montagne et les collines, afin que tandis qu’il attaquerait nos légions surprises, sa cavalerie parût en même temps sur la hauteur, et que l’armée de César, effrayée de cette double attaque, ne pouvant ni avancer ni reculer, fût ainsi enveloppée et taillée en pièces. César, qui ignorait l’embuscade, avait fait marcher devant sa cavalerie ; lorsqu’elle fut arrivée au vallon, les soldats de Labiénus, oubliant ou exécutant mal ses ordres, ou bien craignant d’être écrasés dans le vallon par la cavalerie, sortirent l’un après l’autre de leur rocher et gagnèrent la hauteur. Les cavaliers de César, s’étant mis à leur poursuite, en tuèrent une partie, firent les autres prisonniers, et, gravissant aussitôt la colline, en chassèrent le poste et s’y établirent. C’est à peine si Labiénus put se sauver avec quelques-uns de ses cavaliers.

LI. Après ce succès, César distribua le travail à ses légions et se retrancha sur la colline dont il venait de s’emparer. Ensuite, de son camp principal, il fit ouvrir à travers la plaine deux tranchées en face d’Uzitta, située dans la même plaine, entre son camp et celui de Scipion, et au pouvoir de ce dernier : elles devaient aboutir aux deux angles de la ville, à droite et à gauche. Son intention, en faisant exécuter ces travaux, était que, lorsqu’il s’approcherait de la ville pour en faire le siège, ses flancs fussent couverts par ses retranchements et que la cavalerie ennemie, qui était nombreuse, ne pût l’envelopper et retarder ses attaques. Il voulait encore par là faciliter ses pourparlers avec la ville, et offrir à ceux qui voudraient passer dans son camp les moyens de venir à lui aisément, sans s’exposer, comme autrefois, à de grands périls. Il voulait voir en même temps, en se rapprochant de l’ennemi, si celui-ci pensait à en venir aux mains. Enfin, ce terrain étant fort bas, il pourrait y creuser des puits ; car il était obligé d’envoyer chercher l’eau bien loin et n’en avait pas suffisamment. Pendant qu’une partie des légions était occupée aux travaux dont je viens de parler, l’autre couvrait les travailleurs, rangée en bataille devant l’ennemi. La cavalerie des Barbares et leur infanterie légère ne cessaient de nous livrer de légers combats.

LII. Un soir, comme César retirait ses légions du travail pour les faire rentrer au camp, Juba, Scipion et Labiénus vinrent fondre sur nous avec toute leur cavalerie et leur infanterie légère. Les cavaliers de César surpris par l’attaque inattendue de tant