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l’allié (7), se rendaient en foule au camp de César. Il choisit alors les plus considérables d’entre les Gétules, et leur remit des lettres pour leurs concitoyens, par lesquelles il les exhortait à s’armer, à se défendre, et à ne plus obéir aux ordres de ses ennemis.

XXXXIII. Tandis que ces choses se passent près de Ruspina, il vient à César des députés d’Acylla, ville libre, et de plusieurs autres lieux, pour l’assurer qu’on est prêt à exécuter ses ordres avec joie : ils le prient seulement de leur donner une garnison, afin de pouvoir le servir plus sûrement et sans danger ; ils lui fourniront alors, pour la cause commune, le blé et tout ce qui sera en leur pouvoir. César leur accorde aisément ce qu’ils souhaitent, leur donne des troupes, et envoie C. Messius, qui avait été édile, à Acylla. Informé de ce fait, Considius Longus, qui commandait dans Hadrumète avec deux légions et sept cents chevaux, laisse une partie de sa garnison dans la place et marche sur Acylla avec huit cohortes ; mais Messius l’a prévenu, et y entre le premier avec les siennes. Considius s’approche de la ville, mais la trouvant occupée par les soldats de César, il n’ose pas tenter une attaque et se retire à Hadrumète sans avoir rien fait, malgré le nombre de ses troupes. Peu de jours après, Labiénus lui ayant envoyé de la cavalerie, il revient mettre le siège devant cette place.

XXXIV. Pendant ce temps, C. Sallustius Crispus, que César avait envoyé quelques jours auparavant en mission avec une flotte, arriva à Cercina. À son arrivée, C. Décimius, ancien questeur, qui présidait dans cette île aux convois de l’armée ennemie avec une nombreuse troupe de ses esclaves, monta dans un petit vaisseau qu’il s’était procuré et prit la fuite. Le préteur Sallustius fut reçu par le Cercinates, et ayant trouvé chez eux quantité de blé, il en remplit des vaisseaux de charge qui étaient en assez grand nombre dans ce port, et les envoya au camp de César. D’un autre côté, le proconsul Alliénus ayant embarqué à Lilybée, sur des vaisseaux de transport, les treizième et quatorzième légions, avec huit cents chevaux gaulois, et mille frondeurs ou archers, envoya ce second convoi à César en Afrique ; la flotte eut le vent favorable, et en quatre jours elle aborda heureusement au camp de Ruspina. César éprouva une double joie de ce secours de troupes et de vivres qui venait ranimer l’ardeur de ses soldats et dissiper la crainte de la disette. Il fit débarquer les légions et la cavalerie, et, pour leur donner le temps de se refaire des fatigues de la mer, il les distribua dans les forts et les retranchements.

XXXV. Scipion et les siens ne pouvaient assez s’étonner de cette conduite. Ils se demandaient d’où provenait l’inaction de César, qui, d’ordinaire, était le premier à attaquer et à combattre, et soupçonnaient quelque grand motif à un changement si subit. Alarmés de le voir si tranquille, ils gagnèrent par de magnifiques récompenses deux Gétules qu’ils croyaient leur être tout dévoués, et les envoyèrent comme déserteurs, épier ce qui se passait dans son camp. Ceux-ci, amenés devant