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secours de laquelle venait, disait-on, une cavalerie nombreuse, César ne crut pas devoir s’arrêter à l’assiéger, dans la crainte que, pendant qu’il serait engagé dans cette entreprise, la cavalerie ennemie ne vînt le prendre par derrière et l’envelopper.

VI. Il se disposait donc à lever son camp, lorsque tout à coup les ennemis sortirent de la ville : en même temps le hasard envoya à leur secours la cavalerie que Juba envoyait pour recevoir sa paie. Ils s’emparent du camp dont César venait de sortir pour se mettre en marche, et commencent à poursuivre son arrière-garde. À cette vue, les légionnaires s’arrêtent, et notre cavalerie, malgré son petit nombre, attaque hardiment cette multitude. Une chose incroyable, c’est que trente cavaliers gaulois, au plus, battirent deux mille cavaliers maures et les repoussèrent jusque dans la ville. Les ennemis ainsi repoussés et rejetés dans leurs retranchements, César continua sa marche. Cependant, comme ces attaques se renouvelaient, et que sans cesse l’ennemi nous poursuivait et nous forçait à lui donner la chasse à notre tour, César mit à l’arrière-garde quelques cohortes de vétérans avec une partie de sa cavalerie, et ensuite continua tranquillement sa route. Plus on s’éloignait de la ville, moins les Numides étaient ardents à la poursuite. Chemin faisant, César reçut des députés de plusieurs villes et châteaux, qui venaient lui offrir des vivres et lui faire leur soumission. Le même jour, qui était le premier des calendes de janvier, il campa à Ruspina.

VII. De là, aux calendes de janvier, il se rendit à Leptis, ville libre et indépendante, qui envoya aussi des députés au-devant de lui pour l’assurer qu’elle était prête à se soumettre à ses ordres. Ayant donc placé des centurions et des gardes aux portes, afin d’empêcher les soldats d’y entrer ou d’en insulter les habitants, il assit son camp près de la ville, sur le rivage. Là, des vaisseaux de charge et quelques galères le joignirent, et il apprit que le reste de sa flotte, incertain du lieu où il avait abordé, paraissait avoir pris la route d’Utique. Voyant ses vaisseaux égarés, César résolut de ne pas s’éloigner de la mer et de ne pas entrer dans les terres ; il retint même à bord toute sa cavalerie, de crainte, à ce que je pense, qu’elle ne ravageât la campagne, et fit porter de l’eau aux navires.

Toutefois, des matelots qui avaient débarqué pour faire de l’eau, furent attaqués par les cavaliers maures, qui, tombant sur eux tout d’un coup lorsqu’ils y pensaient le moins, en blessèrent un grand nombre, et en tuèrent plusieurs avec leurs traits. C’est la coutume des Maures de se tenir en embuscade avec leurs chevaux dans les ravins, et de se montrer inopinément ; mais ils n’osent pas se battre en plaine.

VIII. Cependant César envoya des députés avec des lettres en Sardaigne et dans les autres provinces voisines, avec ordre qu’à la réception de ces dépêches on lui envoyât sans retard des troupes, des vivres et du blé ; puis, ayant fait décharger une partie de ses galères, il dépêcha Rabirius Postumus en Sicile pour en ramener un second convoi.