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son camp, et qu’il ne descendrait pas en plaine, il persuada à ses troupes de rentrer dans le leur. Il commença donc la retraite. (4) Cassius, qui se savait plus fort que lui en cavalerie, la détacha sur la queue des légions qui se retiraient, et nous tua beaucoup de monde sur le bord du fleuve. (5) Marcellus, ayant compris par cet échec le désavantage et le danger qu’il y avait à passer le fleuve, transporta son camp au-delà du Bétis. Plusieurs fois les deux généraux mirent leurs armées en bataille ; mais les difficultés du terrain les empêchaient d’en venir aux mains.

(1) Marcellus était de beaucoup supérieur en infanterie ; car toutes ses légions étaient composées de vétérans éprouvés dans un grand nombre de combats. À l’égard de Cassius, il comptait plus sur la fidélité de ses troupes que sur leur valeur. (2) Les deux camps étaient voisins l’un de l’autre, et Marcellus s’était emparé d’une position favorable pour bâtir un fort, d’où il pouvait priver d’eau l’ennemi, lorsque Cassius, qui craignait de se voir en quelque sorte assiégé dans un pays où il était généralement détesté, décampa de nuit en silence, et gagna au plus vite la ville d’Ulia, sur le dévouement de laquelle il comptait. (3) Il posa son camp si près des remparts qu’il se trouva garanti de tous côtés et par la nature du terrain (car Ulia est située sur une hauteur), et par les fortifications de la ville. (4) Marcellus l’y suivit et campa en face de lui, le plus près possible de cette place ; ensuite, ayant reconnu les lieux, il trouva qu’il était forcé de prendre le parti qu’il souhaitait le plus, celui de ne pas combattre ; au lieu que, si le terrain l’eût permis, il n’eût pas pu résister à l’ardeur des soldats. Il résolut toutefois d’empêcher Cassius de courir la campagne, ne voulant pas que plusieurs villes eussent leur territoire ravagé comme Cordoue. (5) Ayant élevé des forts dans des situations avantageuses et enserré la ville dans ses ouvrages, il enferma dans ses lignes et Ulia et Cassius. (6) Avant que ces travaux fussent achevés, Cassius mit toute sa cavalerie en campagne : il y voyait le grand avantage d’empêcher, par elle, Marcellus d’envoyer au fourrage et aux vivres ; tandis qu’elle l’aurait fort embarrassé, si, assiégé, il eût été obligé de la nourrir sans en tirer aucun service.

Bogus vient renforcer Longinus

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(1) Peu de jours après, le roi Bogus, ayant reçu les lettres de Cassius, arriva avec ses troupes, lui amenant une légion et plusieurs cohortes d’auxiliaires espagnols. (2) Car, ainsi que cela se voit d’ordinaire dans les guerres civiles, à cette époque quelques cités avaient pris parti pour Cassius, le plus grand nombre pour Marcellus. (3) Bogus s’avança avec ses troupes vers les fortifications extérieures de Marcellus. Le combat fut vif des deux côtés, et le succès divers, la Fortune transportant souvent la victoire de l’un à l’autre. Toutefois Marcellus ne put pas être chassé de ses lignes.

Médiation de Lépidus. Sortie de Cassius

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(1) Cependant Lépidus arriva de la province citérieure, avec trente-cinq cohortes tirées des légions, beaucoup de cavalerie et d’autres troupes auxiliaires, dans l’intention de travailler avec impartialité à réconcilier Cassius et Marcellus. (2) À son arrivée, Marcellus