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d’un départ précipité. (2) En effet, comme il avait peu de galères dans le port, il écrivit en Achaïe à Q. Calénus de lui envoler une flotte. (3) Comme elle tardait trop pour le péril où nous étions, car nous ne pouvions résister aux attaques d’Octavius, il arma d’éperons les vaisseaux de charge assez nombreux qu’il avait, mais qui n’étaient pas de grandeur suffisante pour servir dans une bataille, les réunit à ses galères, (4) et, ayant ainsi augmenté sa flotte, il y embarqua des vétérans de toutes les légions, qui étaient restés malades à Brindes, lorsque l’armée dut passer en Grèce, et il partit pour l’Illyrie. Il reprit plusieurs villes maritimes qui nous avaient abandonnés pour se livrer à Octavius, passa outre devant celles qui persistèrent dans leur désobéissance ; et, sans se laisser retarder ni arrêter par rien, il s’appliqua à poursuivre Octavius avec toute la célérité possible. (5) À son arrivée il le força de lever le siège d’Épidaure, qu’il tenait bloqué par terre et par mer, et où nous avions une garnison qu’il recueillit dans ses vaisseaux.

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(1) Octavius, informé que la flotte de Vatinius était, en grande partie, composée de petits vaisseaux de charge, et comptant sur la supériorité de la sienne, s’arrêta vers l’île de Tauris. Vatinius, qui le poursuivait toujours, naviguait également de ce côté, non qu’il sût qu’Octavius l’y attendait, mais parce qu’il avait résolu de le suivre encore plus loin. (2) Arrivé près de Tauris, et ses vaisseaux se trouvant écartés les uns des autres, à cause du gros temps, Vatinius, qui n’avait aucun soupçon que l’ennemi fût là, vit tout à coup arriver sur lui, la vergue à mi-mât, un vaisseau chargé de combattants. (3) À cette vue, il ordonne d’amener les voiles promptement, de baisser les vergues et de s’armer ; et, ayant fait déployer le pavillon, ce qui était le signal du combat, il avertit ainsi les vaisseaux qui le suivaient de faire de même. (4) Nos soldats, surpris, se préparaient en diligence, tandis que l’ennemi sortait du port tout préparé. De part et d’autre on se range en bataille, Octavius avec plus d’ordre, Vatinius avec plus de résolution.

Victoire navale de Vatinius à Tauris. Retour à Brindes

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(1) Vatinius, considérant que, soit pour la grandeur, soit pour le nombre des vaisseaux, il était inférieur à l’ennemi, avait mieux aimé s’en remettre aux hasards du combat. En conséquence, avec sa galère à cinq rangs, il fondit le premier sur celle d’Octavius, qui en avait quatre. (2) Comme celle-ci faisait force de rames, les deux vaisseaux se choquèrent si rudement que celui d’Octavius perdit son éperon et demeura engagé dans son bordage. (3) Sur tous les autres points, le combat s’engagea avec vigueur, principalement autour des chefs. Chacun courant au secours du sien, la mêlée devint effrayante sur un espace étroit : (4) mais plus les vaisseaux pouvaient se serrer de près, plus les soldats de Vatinius avaient d’avantage. Avec un admirable courage, ils n’hésitaient pas à sauter de leurs vaisseaux dans ceux des ennemis ; et, rendant par ce moyen les armes égales, comme ils l’emportaient de beaucoup en valeur, ils avaient le