Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/463

Cette page n’a pas encore été corrigée

pas que son arrivée subite ne répandît la terreur parmi les Alexandrins, marcha aussitôt en vainqueur sur le camp du roi. (2) Mais le voyant entouré d’ouvrages considérables, bien fortifié par la nature, et défendu par des troupes nombreuses qui en bordaient les retranchements, il ne voulut pas exposer à cette attaque des soldats que la marche et le combat avaient fatigués. Il campa donc à peu de distance de l’ennemi. (3) Le jour suivant, il fit attaquer, par toutes ses troupes, un château que le roi avait fortifié dans un village voisin de son camp, et réuni à ce camp par une ligne de communication pour ne pas perdre le village ; et il l’emporta. Ce n’est pas qu’il ne crût pouvoir réussir avec moins de monde ; mais il voulait effrayer les Alexandrins par cette victoire et attaquer aussitôt le camp du roi. (4) En conséquence, du même pas que nos soldats poursuivirent les Alexandrins fuyant du château au camp, ils arrivèrent aux retranchements et commencèrent à combattre de là avec ardeur. (5) Ils ne pouvaient attaquer que par deux endroits, ou par la plaine dont l’accès était libre, on par un espace de médiocre étendue qui séparait le camp du Nil. (6) Les plus nombreuses et les meilleures troupes de l’ennemi défendaient le côté dont l’accès était le plus facile. Celles qui gardaient le côté du Nil pouvaient aisément nous repousser et nous blesser ; car nous étions accablés, de front, par les traits des remparts ; et à revers, du côté du fleuve, nous étions harcelés par de nombreux vaisseaux remplis d’archers et de frondeurs.

31

(1) César voyait que ses troupes ne pouvaient combattre avec plus de bravoure ; et que pourtant elles faisaient peu de progrès à cause du désavantage du terrain. S’étant aperçu que la partie la plus élevée du camp ennemi était dégarnie de troupes, soit parce qu’elle se défendait d’elle-même, soit parce que les uns, par curiosité, les autres par le désir de combattre, l’avaient abandonnée pour courir au lieu où se passait l’action, il ordonna aux cohortes de tourner le camp et de gagner cette hauteur : il avait mis à leur tête Carfulénus, homme non moins distingué par son grand coeur, que par ses talents militaires. (2) Dès qu’elles furent arrivées, comme elles trouvèrent peu de résistance et qu’elles combattirent avec vigueur, les Alexandrins, effrayés par les cris qui s’élevaient de divers points, et par cette attaque inopinée, se mirent à fuir partout dans le camp. (3) Animés par ce désordre, les nôtres forcèrent presque en même temps tous les quartiers ; déjà la hauteur avait été enlevée, et nos gens, tombant de là sur les ennemis, en avaient fait un grand carnage. (4) La plupart des Alexandrins, pour fuir le péril, se précipitèrent en foule du haut des remparts du côté qui joignait le fleuve. (5) Les premiers, ayant été écrasés en grand nombre dans le fossé, facilitèrent la fuite des autres. (6) Il est certain que le roi lui-même prit la fuite, et se jeta dans un vaisseau ; mais la quantité de ceux qui gagnaient à la nage les navires les plus rapprochés,