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rivage, dont nos gens avaient de la peine à approcher à cause de l’escarpement de la côte ; et ils défendaient l’étroite entrée du havre avec des esquifs et cinq vaisseaux longs qu’ils manoeuvraient avec adresse. (5) Mais lorsque après avoir reconnu les lieux et sondé les gués, quelques-uns des nôtres eurent pris terre et eurent été suivis par d’autres, et que tous ensemble ils attaquèrent avec vigueur ceux des ennemis qui se tenaient sur le rivage, tous ceux du Phare tournèrent le dos, (6) abandonnèrent la garde du port, et, s’étant approchés du rivage et du bourg, sortirent des vaisseaux pour défendre les maisons.

(1) Mais ils ne purent tenir longtemps dans leurs fortifications, quoique, toute proportion gardée, leurs maisons fussent à peu près dans le genre de celles d’Alexandrie ; que leurs hautes tours, qui se touchaient, leur tinssent lieu de rempart, et que les nôtres n’eussent ni échelles, ni claies, ni rien de ce qu’il faut pour un siège, (2) mais la peur ôte le jugement et les forces, comme il arriva alors. (3) Ces mêmes hommes, qui prétendaient nous résister sur un terrain égal et uni, consternés de la fuite de leurs concitoyens et de la mort d’un petit nombre, n’osèrent nous attendre dans des maisons hautes de trente pieds ; ils se précipitèrent du haut de la digue dans la mer, et gagnèrent, à la nage, la ville qui était à huit cents pas de distance. (4) Cependant beaucoup d’entre eux furent tués ou pris ; le nombre des prisonniers s’éleva à six cents.

Attaque de l’Heptastade

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(1) César, ayant accordé le butin aux soldats, abandonna les maisons au pillage, fortifia le château bâti en face du pont le plus voisin du Phare, et y mit une garde : (2) les habitants du Phare l’avaient évacué. L’autre pont, mieux fortifié et plus rapproché de la ville était défendu par les Alexandrins. Mais le lendemain, César l’attaque de la même manière, comptant qu’une fois maître de ces deux postes, il pourrait interdire aux ennemis toute excursion maritime et empêcher leurs brigandages soudains. (3) Déjà, de dessus les vaisseaux, avec les machines et les flèches, il les avait chassés du pont et repoussés dans la ville ; trois cohortes environ avaient été débarquées, le lieu étant trop étroit pour en contenir davantage : le reste de ses troupes était resté à bord. (4) César donna l’ordre de fortifier le pont du côté de l’ennemi et de combler avec des pierres l’arche par où passaient les vaisseaux. (5) Ce dernier ouvrage achevé, aucune chaloupe ne pouvait plus sortir. À l’égard du premier, à peine l’eut-on commencé, que toutes les troupes des Alexandrins s’élancèrent hors de la ville, et vinrent se placer dans un endroit spacieux, en face des retranchements du pont. En même temps ils firent approcher vers la digue les brûlots qu’ils avaient coutume de lancer par les ponts pour mettre le feu à nos vaisseaux de charge. (6) Nos soldats combattaient du haut du pont et de la digue ; l’ennemi, de la place en face du pont, et des vaisseaux près de la digue.

Mouvement tournant des Alexandrins. Déroute des Romains

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(1) Tandis que César, ainsi occupé, exhortait les soldats, un grand nombre de nos rameurs et de nos matelots sortant des longs navires se jetèrent sur la digue. (2) Chez les uns, c’était curiosité, chez les autres, désir de combattre. D’abord